(C) David Lamand - 26 Mars 2001

 

 

Les lois de la casherout trouvent leur origine dans la Torah. Toutefois, à deux reprises dans la Genèse, se trouvent mentionnées des lois de casherout spécifiques. La première est cette injonction faite par Dieu à Adam et 'Havah de ne pas consommer du fruit de l'arbre défendu. Cet interdit est conjonctuel et non pas permanent mais il est révélateur de constater qu'il a pour objet ce qui représente la tentation (le goût) et la nécessité (la sustentation). Le deuxième interdit, qui, lui, est permanent, est celui de ne pas consommer du sang (principe de vie) ou un membre d'un animal vivant.

 

 

Tous les fruits et légumes sont autorisés.

Les lois de la casherout distinguent trois catégories principales d'aliments propres à la consommation :

 

Les mammifères quadrupèdes, ruminants et ayant le sabot fendu sont considérés comme appartenant à la catégorie tahor (pur). Inversement, ceux qui n'ont qu'une de ces caractéristiques entrent dans la catégorie tamé (impur).

Les oiseaux qui peuvent être consommés sont généralement de basse-cour ou d'élevage telles les volailles.

Les poissons, et cela inclut tout être vivant aquatique, comprennent uniquement les poissons qui ont des écailles et des nageoires. Sont donc interdits les poissons qui n'ont pas cette double spécificité ainsi que tous les crustacés. Il est évident que tant pour les volailles que les poissons, les oeufs provenant d'espèces interdites sont également interdits.

Les insectes et les reptiles sont interdits mais il existe quelques exceptions : le miel est autorisé alors qu'il s'agit du produit d'un animal interdit, l'abeille ; la consommation de sauterelles est autorisée.

 

 

Sont venus s'ajouter à ces lois définissant les catégories d'aliments casher d'autres principes d'exclusion :

 

Le premier est celui de l'état de l'animal mort. Il ne doit pas être mort de maladie et ne doit pas présenter d'infirmités : blessures, fractures, foie perforé, pas plus de 6 ou 12 tâches sur les poumons...

Le deuxième est celui de la che'hitah, l'abattage rituel qui est mentionné dans la Tora à l'appui de la préparation au culte sacrificiel. Les animaux sacrifiés devaient être casher afin d'être immolés puis consommés. La che'hitah est un abattage par jugulation effectué par un sho'het, abatteur rituel qui sectionne, en un mouvement d'aller et retour à l'aide d'une lame tranchante et sans défaut, la trachée-artère et l'oesophage sans opérer de pression excessive sur le cou de l'animal. Il est évident que la che'hitah ne concerne que les mammifères et d'une certaine façon les volatiles et non les poissons. Une bénédiction dite par le sho'het accompagne cet acte.

Le troisième principe d'exclusion est la cuisson de produit carnés et lactés bassar be'halav : "Tu ne feras pas cuire le chevreau dans le lait de sa mère". De toutes les règles de casherout voici certainement la seule qui ait un sens originel. En effet, le culte sacrificiel païen consistait à cuire un chevreau dans le lait de sa mère. Plus tard, des Maîtres, à l'instar de Maïmonide énonceront le principe que le mélange de deux corps gras ne saurait contribuer à une diététique équilibrée. Par extension ce principe premier s'est étendu à tous mélanges entre produits carnés et lactés, même dissociés dans un même repas.

 

Il existe aussi des aliments qui sont considérés casher et qui ne le sont plus dans certaines circonstances. Le mélange carné-lacté en est une illustration mais également la notion de Hamets au moment de la fête de Pessa'h. Durant les sept jours de la fête, les produits fermentés et levés habituellement autorisés sont proscrits. De même, il existe un usage qui consiste à ne pas manger de viande dans la semaine qui précède le jour de Tishea Beav.

 

 

De la même façon que la casherout a constamment "évolué" depuis la Torah jusqu'aux codes médiévaux de la en passant par le Talmud, la casherout telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui est souvent éloignée de ses origines bibliques.

Nous n'hésitons pas, nous juifs libéraux, à parler de dérives lorsque la casherout devient un baromètre de la judeïté : "Dis-moi ce que tu manges, et te dirai quel juif tu es". Les critères de casherout sont, en eux-mêmes, confus tant il existe aujourd'hui d'autorités différentes. La minutie souvent excessive avec laquelle la casherout est appliquée conduit à une séparation plutôt qu'à une distinction vis à vis des non-juifs (et parfois même les juifs !).

Nous nous autorisons à considérer la casherout comme un acte de scanctification. De plus, une certaine logique préside à son application. L'usage de deux vaisselles distinctes (carnée et lactée) pourrait avoir un sens mais ce qui se justifiait jadis quand on utilisait des plats poreux retenant des restes d'aliments n'a plus vraiment de sens aujourd'hui. Le lave-vaiselle est une garantie d'un lavage minutieux.

La casherout est avant tout une exigence personnelle. Nul ne devrait pouvoir juger autrui en fonction de ce qu'il mange. Le MJLF encourage ses fidèles à s'inscrire dans les principes de la casherout tels qu'ils sont définis dans la Torah, à savoir ne pas consommer d'aliments interdits. Tous les ajouts à cette prescription originelle relèvent d'une exigence personnelle et de traditions familiales.

An niveau communautaire, nous appliquons, à l'intérieur de nos locaux, une casherout dans laquelle la grande majorité des juifs peut se retrouver. Les aliments carnés sont casher et aucun mélange carné-lacté n'est réalisé.

Enfin, en dehors du vin consacré au Kiddoush nous autorisons la consommation de vin qui ne serait pas placé sous une autorité rabbinique. En effet, le principe du vin casher reposait jadis sur la volonté de ne pas utiliser à des fins religieuses un vin qui autait été conçu ou manipulé par des païens. A notre époque, il conviendra toutefois de s'assurer que le liant utilisé dans la vinification n'est pas d'origine animale : notamment en ce qui concerne certains vins de qualité médiocre.