(C) David Lamand - 30 Mars 2001

 

 

La vie peut être définie comme une âme, influée par Dieu, dans un corps : Roua'h Nefesh (principe même de vie ou souffle de vie). L'homme est composé de son corps et de son âme, lors de sa mort, le souffle de vie part et le corps meurt.

Le mot vie en hébreu est : 'Haïm. Ce mot est pluriel car on ne limite pas la vie de la naissance à l'instant de la mort. La vie est plus longue, car elle se prolonge après la mort. L'autre sens de ce pluriel est que l'on peut définir deux vies : Olam Hazé (monde ici) Olam Haba (monde avenir).

A la mort, il y a deux solutions :

- Soit d'aller dans le Olam Haba.
- Soit la fin dans le Olam Hazé, et donc la vie n'a durée que les quelques décennies passées sur terre.

De plus la mort (et non l'inhumation) fait partie de la vie, elle est la deuxième extrêmité de la vie.

 




Il est nécessaire de définir la fin de la vie, les critères pour cette définition ont évolués selon les progrès de la médecine :

- Dans un première temps, on considérait l'arrêt respiratoire en référence à la Bible (Dieu insuffle à l'homme la vie par les narines).

- Puis, l'arrêt cardiaque a été ajouté à l'arrêt respiratoire.

- Actuellement, l'arrêt cérébral complète l'arrêt respiratoire et cardiaque.

Dans certain cas, il est nécessaire de se rappeler que l'homme a un libre arbitre total (de plus, personne ne doit influencer sur nos actes) sauf lors des deux extrêmités de la vie (la naissance et la mort). Théoriquement, on ne doit pas changer le cours de la mort d'une personne.

Si on considére les instants avant la mort, il est nécessaire de s'interroger sur la notion de la dignité humaine d'une personne allant vers sa mort. Donc, il peut être envisagé l'application de soins paliatifs afin de soulager la souffrance physique et morale. Ces soins viennent en relais des soins thérapeutiques lorsque ces derniers ne peuvent que prolonger la vie et non apporter une possibilité de guérison ou d'une vie réelle. L'euthanasie (qui est définie comme le geste qui précipite la mort d'une personne) n'est pas acceptable.

La soufrance n'est pas valorisée, elle est considérée comme toujours injuste mais elle fait partie de la vie. Elle est considérée comme une épreuve mais elle n'est pas une valeur de vie (elle ne grandie pas spirituellement l'homme comme dans des religions telque le christianisme) et elle doit être soulagée.



 

La Tahara (toilette) ou plus exactement "purification" du mort se déroule dans la plus grande décence, avec les mêmes égards qu'envers un homme vivant. Le corps dissimulé sous un drap, blanc est aspergé d'eau tiède et nettoyé en entier, en commençant par la tête. Après l'avoir essuyé, on verse sur lui environ neuf pintes d'eau, ce qui constitue l'acte essentiel de la purification. On dispose le corps dans le cercueil, le visage tourné vers le haut, la tête reposant sur un sachet de terre de Sion que l'on répand également quelque peu, sur lui ; l'homme est enveloppé dans un Tallith dont on a coupé l'un des quatre coins.

 

 

La Levaya (conduite) du défunt au cimetière, est considérée également comme une mitsva très importante, aussi bien à l'égard des survivants que de celui qui n'est plus. On procède à l'inhumation du corps, sans fleurs ni couronnes, en toute simplicité. Après l'oraison funèbre, le cercueil descendu dans la tombe, le rabbin, puis les assistants, y lancent chacun trois pelletées de terre en disant : "Tu viens de la poussière et à la poussière tu retournes ; la poussière retourne à la terre d'où elle est venue et l'âme retourne à Dieu qui l'a donnée". Avant que la fosse ne soit comblée, les proches parents du défunt pratiquent à leur vêtement la "déchirure rituelle" Qeria, à moins qu'ils ne l'aient déjà faite auparavant. La cérémonie s'achève sur un Qaddich, spécial s'il s'agit du fils qui le récite pour son père ou sa mère. Selon l'usage antique, les assistants se placent sur deux rangs et, tandis que les affligés passent au milieu d'eux, ils leur adressent les mots traditionnels de consolation : "Que le Seigneur vous console, vous et tous les affligés de Sion et de Jérusalem."

Dans la tradition chaque partie du corps doit être inhumé (même dans le cas du prépuce lors de la circoncision et dans les actes chirurgicaux). Lors de la mort d'un nouveau né, dans le tradition, jusqu'à l'âge de 6 mois, il n'est pas considéré comme un être à part entière, l'inhumation est simple et accompagnée de quelques mots. Dans, une application moins traditionnelle de la loi, le rituel de l'inhumation est respecté tel pour un adulte, de plus si l'enfant est mort avant d'être nomme, on lui donne un nom.


Dans le cas du suicide d'une personne, dans la tradition, cette dernière ne peut pas être inhumée dans la carré juif, elle mise en marge du cimetière de même que dans la cas de maladies infectieuses (telle la lèpre et plus récemment le VIH). Ceci est la sanction d'une conduite non normative.

Le carré juif n'est pas résevé aux personnes juives reconnues par le consistoire car seul le maire d'une commune peut décider.

 

 

Après l'enterrement commence la période des Chive'a (des sept jours), durant lesquels les Avèllim (endeuillés), demeurent dans la maison mortuaire où l'on célébre les offices quotidiens avec Miniane, en les faisant suivre d'une "étude" religieuse que conclut un Qaddich. Diverses manifestations de deuil incombent aux Avèlim ; s'abstenant de tout travail, ils restent assis sur de sièges bas, déchaussés, recevant ceux qui viennent leur témoigner leur sympathie et qui considèrent comme un devoir de leur apporter aussi de la nourriture matérielle qu'ils pourraient négliger au milieu de leur tristesse. Les femmes, cependant, peuvent s'occuper de leur foyer et particulièrement de leurs enfants.

Le Sabbath et les fêtes introduisent une coupure dans les rites de deuil. Dans beaucoup de communautés de rite occidental, les Avèlim sont reçus à la porte de la synagogue par le rabbin et autres notables de l'endroit, le vendredi soir, au moment où le 'Hazane entonne le dernier couplet du Lekha Dodi, annonce officielle de l'entrée du Shabbath. La douleur et l'affliction s'effacent devant la sérénité sabbatique.

Les "sept jours" se situent au début des Chelochim : durant trentre jours après l'inhumation, les règles de deuil s'imposent, plus rigoureuses et plus nombreuses pendant les Chive'a ; certaines se perpétuent pendant un mois : ainsi l'interdiction de se couper les cheveux et de faire la barbe. A la fin de cette période, le deuil est levé pour les frères et soeurs, pour les époux. Mais les orphelins de père ou de mère consacrent un an à la douleur de leur perte, évitant toute réunion joyeuse et se rendant matin et soir à la synagogue où ils récitent le Qaddich pendant onze mois. Durant tout ce temps, une lumière brûle à leur foyer en souvenir du disparu.

Chez les Sefaradim, la fin de chacune de ces prériode est marquée par une cérémonie particulière. C'est ainsi que, à la fin des Chive'a, on adresse aux Avèlim, à l'issue de l'office du matin au 7ème jour, ces versets du Prophète : "Ton soleil n'aura jamais de coucher, la lune, jamais d'éclipse : car le Seigneur sera pour toi une lumière inextinguible et tes jours de deuil seront terminés", et il est écrit : "Comme un fils que sa mère console, ainsi vous consolerai-Je, et c'est dans Jérusalem que vous trouverez votre consolation". A la fin des Chelochim, et souvent aussi au terme de dix ou onze mois, on lit des passage bibliques et talmudiques appropriés avant de réciter la Hachkaba, la prière en mémoire du défunt.

L'anniversaire, chez les achkenazil du moins, est célébré, la première année, à la date hébraïque de l'enterrement. En ce jour s'accomplit généralement la pose de la pierre tombale, Matsèva. Là aussi, la sobriété est de mise et les vieux cimetières israélites frappent par la simplicité uniforme de leur stèle où, seule, figure une inscription hébraïque révélent l'identité de la tombe et parfois une épitaphe.

Chaque année, par la suite, le Jahrzeit est fixé au jour anniversaire du décès. La lumière mortuaire est alors rallumée pour vingt-quatre heures et les parents du défunt récitent le Qaddich et répandent des bonnes oeuvres en sa mémoire.

 

 

Afin d'éviter tout ce qui pourrait ressembler à un culte des morts, les visites au cimetière sont limitées, une par an, de préférence en Eloul ou en Tichri. Les Sefaradim, pourtant, ont l'habitute d'y aller à la fin des sept jours, à la fin du mois, tous les vendredis et les veilles de Roch 'Hodech.

Divers termes, dans le langage courant, servent à désigner le cimetière. C'est le Beth Ha'hayim (la maison de vie), le Beth 'Olam (la maison d'éternité) et dans le rite allemand et alsacien Gut-ort (le bon endroit). N'est-ce point manifester que la mort n'a rien de terrifiant pour le Juif, qui voit en elle au contraire la porte de la vie éternelle ?

Il est d'usage de poser trois petites pierres sur la tombe en signe d'éternité et de la proximité du défunt des trois patriarches.