(C) David Lamand - 15 Août 2001

 

(d'après [26] & [27])

 

Roch Hachana (1 Tichri, la tête de l'année), premier jour de l'année juive, anniversaire de la création de l'homme, est aussi le jour du jugement de tout être. Ce jour là, les hommes défilent devant D-ieu. La sentence est prononcée à Yom Kippour (10 Tichri). Les dix jours qui vont de Roch Hachana à Yom Kippour sont appelés Asseret yemei Techouvah (les dix jours du repentir). Dix jours privilégiés où tout homme peut implorer la clémence divine. Pendant cette période, particulièrement propice à la Techouvah, l'homme devra faire preuve de sa bonne foi et de son sincère repentir.

Le destin n'est jamais irrévocable ; l'intervention de l'homme y est déterminante. Par trois actes fondamentaux, nous pouvons modifier le décret :

  1. Techouvah : le repentir et le retour à la source (D-ieu).
  2. Tefilah : la prière pour rétablir le dialogue avec D-ieu, son créateur.
  3. Tsedakah : justice sociale, reconnaître ses obligations vis à vis d'autrui.

 

 

La soirée de Roch Hachana débute par l'allumage des lumières de Yom Tov avec la bénédiction pour le Yon Tov et la bénédiction Chèhè'hyanou. Le Kiddouch est prononcé sur le vin, les hommes y ajoutent la bénédiction Chèhè'hyanou. Après s'être lavé les mains (Netilat Yadaim) et avoir récité la bénédiction sur les deux pains, l'on en distritue aux assistants. On trempe le pain dans du miel, symbole d'une année douce. L'on a l'habitude de manger des aliments dont le nom nous augure une bonne année et constitue autant de symboles de l'année douce que nous demandons à D-ieu.




La corne doit provenir d'un belier, ou de tout animal domestique ou sauvage pur (cachère), mâle ou femelle, à l'exception des cornes de boeuf et de taureau qui ne conviennent pas, car leurs cornes ne s'appellent pas en hébreux Chofar mais Kérène. De plus, la corne d'un bovin rappelerait le veau d'or.

L'idéal est d'utiliser une corne provenant d'un bélier, en souvenir du bélier emmêlé dans le buisson par ses cornes et sacrifié à la place d'Issac. Généralement, le Chofar est incurvé, afin de suggérer au peuple juif d'infléchir son coeur vers son Père céleste.

Il existe trois sortes de sonneries :

  1. Tekia : un son prolongé.
  2. Chevarim : trois sons courts et répétés.
  3. Teroua : neuf sons saccadés.

On a l'obligation d'écouter :

    1. 3 fois : Tekia, Chevarim-Teroua, Tekia.
    2. 3 fois : Tekia, Chevarim, Tekia.
    3. 3 fois : Tekia, Teroua, Tekia.

C'est à dire, en tout 30 sonneries.

La voix du chofar est surtout un appel à la pénitence, mais aussi, à l'instar du retentissement du clairon, une invitation aux armes. Le chofar s'adresse à nous pour que nous nous armions et luttions contre tout ce qui nous empêche d'appliquer complèment les règles de notre religion : contre les passions, contre la paresse et la négligence, contre l'influence de mauvais amis, etc. Il nous dit d'être courageux, de ne pas négliger, par paresse, l'exercice du culte ou d'avoir peur de respecter et remplir les saints commandements, comme par exemple, prier tous les jours, utiliser des Tefilines et des Tzitzith, observer le saint Shabbath, etc. Si c'est nécessaire, lutter pour y parvenir et vaincre tous les obstacles.

 

 

On sonne du chofar (sans bénédiction), depuis le commencement du mois d'Eloul jusqu'à la veille de Roch Hachana, après l'office du matin. Durant tout le moins d'Eloul et jusqu'à Yom Kippour, on se lève tôt le matin pour réciter les Seli'hoth, prières de contrition rédigées à travers les âges et particulièrement, au moment des persécutions qui s'abattirent sur Israël. La tradition nous enseigne que c'est le 1er Eloul, après la faute du veau d'or que Moïse est remonté au Sinaï. Il y demeura 40 jours avant de redescendre vers le peuple avec les secondes tables de la Loi en signe de pardon, le 10 Tichri, c'est-à-dire, à Yom Kippour.

 

 

Le chapitre que nous lisons le premier jour de Roch Hachana traite de la naissance d'Isaac. Selon la tradition, Isaac naquit le premier jour de Roch Hachana. Nous pouvons tirer un certain nombre de leçons du message que nous transmet ce chapitre de la Torah. Premièrement, il nous rappelle la providence et l'omnipotence divine. Sarah, une femme de quatre-vingt-dix ans, met au monde son premier est unique enfant, Isaac. Abraham avait à cette époque cent ans. A l'âge de huit jours, Isaac est circoncis, ainsi que D-ieu l'avait ordonné. Issac devient ainsi membre de l'Alliance conclue entre D-ieu et Abraham. De plus, ce chapitre souligne l'importance de la formation et de l'éducation des enfants. Sarah qui se rend compte qu'Ismaël, le demi-frère aîne d'Isaac, fils de Hagar, exerce une mauvais influence sur Isaac, demande à Abraham de renvoyer Hagar et son fils. Alors qu'ils sont seuls, perdus dans le désert de Béer-Cheba, la providence divine sauve Ismaël, qui est près de mourrir de soif, en indiquant à sa mère un puits.

 

 

Le 1er jour de Roch Hachana (et lorsqu'il tombe un Shabbath, le 2ème jour), après la prière de Min'ha et avant le coucher du soleil, on se rend à la mer, au fleuve, au lac ou à la rivière de préférence poissonneux, afin de rappeler que notre existence est aussi précaire que celle des poissons qui, à chaque instant risquent d'être attrapés dans le filet des pêcheurs, et l'on récite la prière de Tachli'h. Elle doit son nom au verset "Tu jetteras" (Tachli'h). C'est le thème central de cette prière qui consiste à se débarasser de tous ses pêchés en les jetant symboliquement à l'eau.

On se rend au bord de l'eau pour concrétiser cette idée, mais aussi pour rappeler le sacrifice d'Isaac. Le Midrach raconte en effet, que lorsqu'Abraham alla sacrifier son fils, le Satan se métamorphosa en fleuve, les empêchant de passer et lorsqu'ils se trouvèrent dans l'eau jusqu'au cou, Abraham leva ses yeux au ciel et dit : "Maître du monde, Tu m'as choisi et T'es révélé à moi, maintenant ma vie est menAcée, si moi ou mon fils mourrons noyés, qui réalisera Ta volonté, comment proclamera-t-on l'unité de Ton Nom ?" Immédiatement, le fleuve s'assécha.

A l'issue de cette cérémonie, nous secouons les poches de nos vêtements pour marquer notre volonté de nous débarrasser de nos péchés et d'être blanc de toute faute.

 

 

Le 2ème jour de Roch Hachna est identique au 1er jour, à tout point de vue. Il est de bon ton de porter un vêtement neuf ou de préparer un fruit nouveau le 2ème jour, au moment de la bénédiction "Ché héèhéyanou" du kiddouch.

On lit dans la Torah la section du sacrifice d'Isaac (Akéda), afin de rappeler, en ce jour de jugement, le mérite d'Isaac pour sa descendance. Cet événement est le symbole de l'auto-sacrifice, car nous, les enfants d'Abraham, sommes toujours prêts à nous sacrifier pour obéir aux commandements de D-ieu, pour l'exécution desquels Il nous a promis sa bénédiction.

 

 

Le lendemain de Roch Hachana, le 3 Tichri, a lieu le jeûne de Guedalia, "jeûne public". La mort de Guedalia, gouverneur d'Israël nommé par Nabuchodonasor pour administrer le reste d'Israël, assassiné par son rival Ismaël, signifia provisoirement la fin des espoirs nationaux. C'est l'un des quatre jeûnes institués par les prophètes en mémoire de malheurs qui ont frappé le peuple élu sur sa terre, afin de l'inciter au recueillement et à la pénitence. On y observe une abstinence totale de tout aliment solide ou liquide depuis l'aube jusqu'au coucher du soleil.