(C) David Lamand - 19 Avril 2001

 

(d'après [22])

 

L'une des trois fêtes de pèlerinage, la fête de Pessa'h, dont l'origine première est agraire (il s'agissait de la fête des prémices de la récolte), a été tôt associée à la fin de l'esclavage des Hébreux et à la sortie d'Egypte. L'expression Pessa'h rappelle que Dieu épargna les premiers-nés du peuple d'Israël, en " passant au-dessus " de leurs maisons. Ce terme désigne également le sacrifice pascal: la veille de leur départ, les enfants d'Israël sacrifièrent un agneau et marquèrent de son sang les linteaux de leurs portes, afin que leurs premiers-nés soient épargnés. A l'époque du Temple, et en souvenir de ce sacrifice, chaque année, un agneau était abattu et consommé lors du Seder. Deux autres noms désignent cette fête: Hag Ha-Matsot, " fête des Azymes ", appellation qui témoigne de l'importance de la consommation du pain azyme, et Zeman Hérouténou, " époque de notre délivrance ", qui met l'accent sur la libération du peuple.

Pessa'h est la fête la plus fréquemment citée dans la Tora. Elle commémore la libération de l'esclavage et la naissance de la nation juive. L'épisode biblique auquel elle se rattache n'est pas précisément daté dans la Bible, mais la plupart des exégètes le situent au XIIIième siècle avant n.è. Ramses II est généralement considéré comme le Pharaon oppresseur, et son fils Méneptah comme celui de l'Exode. L'esclavage n'est que très brièvement évoqué, le texte biblique mettant l'accent sur l'intervention divine qui mena à la délivrance finale. L'histoire commence donc avec l'accession au pouvoir d'un tyran qui décide d'asservir le peuple hébreu (Exode 1). Puis, sont évoquées la naissance et la survie quasi miraculeuse de Moïse (Exode 2). Enfin, au chapitre 3, débute la narration des événements miraculeux qui menèrent les Hébreux à la liberté. Les " plaies ", fléaux que Dieu fait subir à l'Egypte, se succèdent. Mais seule la dixième, la mort des premiers-nés, fera fléchir le Pharaon. L'Exode débute alors et s'achève avec le passage de la Mer Rouge et l'anéantissement des troupes de Pharaon (13,17-15,21).

 

 

Le 'Hametz est tout aliment à base des 5 céréales : blé, orge, avoine, seigle, épeautre, qui au contact de l'eau a fermenté pendant 18 minutes et plus. Il est interdit de consommer, de tirer profit et de garder chez soi un tel 'Hametz pendant la durée de Pessa'h, même mélangé dans un autre aliment. C'est pourquoi tout ce qui est à base des 5 céréales est 'Hametz.

Si quelq'un a beaucoups de 'Hametz et il hésite à s'en défaire, il a la possibilité de le vendre à un non-juif (cette vente est une vente réelle, effective et non fictive), le 'Hametz peut être racheté après Pessa'h. Ce 'Hametz doit être entreposé dans un endroit fermé.

Donc il est nécessaire de parfaitement nettoyer la maison (même les vêtements doivent être inspectés) afin d'éliminer le 'Hametz avant la fête de Pessa'h. Généralement le nettoyage de la maison commence juste après la fête de Pourim.

Dès la tombée de la nuit du 13 à 14 Nissan, on procéde à la recherche du 'Hametz à la lueur d'une bougie. La recherche du 'Hametz est précédée de la bénédiction suivante :

Eternel notre Dieu, roi du monde, Toi qui est source de toute bénédiction, nous a sanctifiés par tes commandements et nous as ordonné d'élimier tout 'Hametz.

La mistva consiste non pas à trouver le 'Hametz, mais à le rechercher dans la maison. Afin de ne pas prononcer la bénédiction en vain, on al'habitude de mettre des morceaux de pain (10) bien enveloppés dans du papier, que l'on dissémine en différents endroits de la maison.

Après la recherche, l'on procéde à l'annulation du 'Hametz qui aurait pu échapper à notre vigilance.

Après avoir brûlé le 'Hametz, on répète la formule d'annulation :


Que tout 'Hametz ou tout levain que j'ai pas vu ou n'ai pas détruit ou dont je n'ai pas eu connaissance soit considéré comme n'existant plus, comme la poussière de la terre.

 

 

L'interdiction de la consomation de la moindre quantité de 'Hametz pendant Pessa'h, implique l'interdiction d'utiliser la même vaisselle (car elle peut comportée des particules infimes de 'hametz) que pendant toute l'année. Ceci entraine la nécessité d'utiliser pour Pessa'h une vaisselle spéciale ou neuve ou tout au moins de cachériser un certain nombre d'ustensiles pour Pessa'h.

Il est existe trois méthodes de cachérisation (selon les ustensiles ) :

- Hagala : qui consiste à immerger dans l'eau bouillante (généralement dans une marmite déjà cachère pour Pessa'h) les ustensiles à cachériser. Ce mode de cachérisation est appliqué généralement aux ustensiles directement en contact avec le feux (casseroles, ...)

- Liboum : les ustensiles qui absorbent le suc des aliments sous l'action directe du feu (grils, broches) doivent être cachérisés en étant portés au rouge, au moyen, par exemple, d'une lampe à souder.

- Immersion : les ustensiles en verre ou en cristal, non utilisés à chaud ou pour une boisson alcoolisée, seront immergés dans l'eau froide pendant 3 fois 24 heures (l'eau est renouvellée toutes les 24 heures).

Certains ustensiles ne peuvent pas être cachérisés car avant la cachérisation les ustensiles doivent être parfaitement nettoyer ce qui est impossible pour la faïence, céramique, émail, porcelaine.

La cuisine doit être aussi cachérisée, l'opération est fort complexe.

La cachérisation étant une opération délicate et complexe, il convient de consulter une autorité rabbinique.

 

 

Le mot Séder signifie ordre (dans le sens de déroulement). Les éléments nécessaires au séder sont disposés sur un plateau. On mange accoudé en signe de liberté.

On place aussi trois matsot Chemourot l'une au dessus de l'autre (appelées "Cohen, Lévi, Israël") dans une serviette. Sur cette dernière, on dispose les objets suivants dans l'ordre ci-après :

 

(d'après [22])

 

- Zeroa : un os grillé
- Maror : des herbes amères (du raifort ou de la laitue)
- Betsa : un oeuf dur

- Karpas : un oignon
- 'Hazeret : des herbes amères (du raifort ou de la laitue)
- 'Harosset : un pâte faite de noix, de poires, de pommes et un peu de vin.

L' 'Harosset, par sa couleur rougeâtre rappelant l'argile, doit son nom aux briques que nos ancêtre devaient fabriquer pour construire les villes de Pithom et Ramsès. Les épices que l'on y ajoute ressemblent à la paille. On y ajoute du vin rouge : en souvenir de la plaie du sang qui fut la première des dix plaies. Il est à base de pomme en souvenir des femmes juives qui accouchaient sous le pommier.

L'os grillé (Zeroa) rappelle le sacrifice de l'agneau pascal qui était consommé grillé. Le Zeroa rappelle "le bras étendu de Dieu" à propos de la délivrance.


L'oeuf dur grillé (Betsa) rappelle le sacrifice de la fête qui était lui aussi consommé grillé avant le sacrifice de l'agneau pascal. L'oeuf est un symbole de deuil ("la roue tourne"), notamment celui du Temple de Jérusalem. Contrairement aux autres aliments qui ramollissent au cours de la cuisson, l'oeuf durcit sous l'effet de la cuisson, à l'image d'Israël qui reste ferme et imperturbable malgré les oppressions.

Kadech : On dit Qiddouch sur le vin (sanctification de la fête).

Oure'hats : Le chef de la famille (ou l'officiant) se lave les mains.

Karpass : On mange du cerfeuil (ou persil) trempé dans de l'eau salée.

Ya'hats : On divise en deux la Matsah du milieu.

Maguid : On fait la narration de la Sortie de l'Egypte.

Ra'htsa : Abblution des mains avec bénédiction.

Motsi : Bénédiction sur la matsah

Maror : Bénédiction sur les herbes amères.

Kore'h : En souvenir de Hillèl, on enveloppe les herbes amères dans la matsah.

Choul'han ore'h : Repas.

Tsafoun : On mange ce qui a été caché (l'Aphikomân).

Bare'h : Action de grâce après le repas.

Hallel : On termine les psaumes de Hallêl.

Nirtsa : Bonne conclusion.

 


 

La fête Pessa'h est la fête par excellence pour les enfants (rôle éducatif de la fête), il est nécessaire de s'interroger sur le sens de la sortie d'égypte. Pessa'h, Matsa & Maror sont les trois principaux symboles de la fête :

 

(Pessa'h [l'agneau pascal] que nos ancêtres mangeaient aussi longtemps que le Temple
exista, quelle en est la raison ? C'est parce que le Saint, béni soit-il, épargna les maisons
de nos ancêtres en Egypte, ainsi qu'il est dit : Vous direz : C'est le sacrifice de la Pâque
en l'honneur de l'Eternel, qui épargna les demeures des Israélites en Egypte, alors qu'il
frappa les Egyptiens et voulut préserver nos familles. Et le peuple s'inclina, et tous se
prosternèrent.)

 

(Cette Matsah [pain azyme] que nous mangeons, quelle en est la raison ? C'est parce que
la pâte de nos ancêtres n'avait pas eu le temps de fermenter lorsque le Roi des rois, le
Saint, béni soit-il, leur apparut et les délivra, ainsi qu'il est dit : Ils firent, de la pâte qu'ils
avaient emportée d'Egypte, des galettes azymes, car elle n'avait pas fermenté ; parce que,
repoussés de l'Egypte, ils n'avaient pu attendre et ne s'étaient pas munis d'autres provisions.)

 

(Ils leur rendirent la vie amère par des travaux pénibles avec l'argile et la brique, par des
corvées rurales, outre les autres travaux qu'ils leur imposèrent avec dureté. Ce mot
Maror [herbes amères] que nous mangeons, quelle en est la raison ? C'est parce que
les Egyptiens rendaient la vie amère à nos ancêtres en Egypte)

 

 


La période de l'Omère (49 jours) relie la fête de Pessa'h et la fête de Chavouot (5 Sivan). L'Omère est un pont entre la liberté physique (Pessa'h : la sortie d'égypte) et la loi (Chavouot : le don de la Torah). Chaque soir à partir du deuxième jour de Pessa'h, le décompte consiste à dire une bénédiction et a ajouté le décompte : "aujourd'hui, c'est de Xème jour dans l'Omère".

A l'époque du Temple, on apportait le 2éme jour de Pessa'h un sacrifice appelé Omère, ainsi qu'une gerbe d'orge, afin de pouvoir consommer de la nouvelle récolte comme la Torah le prescrit "Vous ne mangerez ni pain, ni grain torréifiés jusqu'à ce jour-même, jusqu'à ce que vous ayez apporté l'offrande de votre Dieu".


La période de l'Omère est considérée comme un demi-deuil en souvenir de la mort de 24.000 disciples (pendant une épidémie) du rabbi Akiva. Des interdictions sont liées à ce demi-deuil : on a coutume de ne pas se couper les cheveux et la barbe pendant cette période
, on ne célébre pas de mariage et on n'organise pas de festivités.

Mais, le Lag Ba-Omère (33éme jour de l'Omère) est un jour de fête célébrant la fin de l'épidémie frappant les disciples du rabbi Akiva. Dans les communautés Séfarade, cette fête met fin à la période de demi-deuil et donc les interdictions sont levées.

Dans certaines communautés, ce 33éme jour est le jour de la première coupe des cheveux des petits garçons âgés de trois ans.